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Chapitre 1 : Quand l’Afrique se disrupte

  • Maël Yang
  • 8 janv. 2018
  • 3 min de lecture

“Que se passe-t-il en Afrique ?” Les médias sont formels, l’Afrique est une région du monde déchirée par des conflits ethniques et religieux, un continent qui fait figure d’exemple en matière de pauvreté. Il suffit pourtant de s’y rendre pour comprendre que c’est finalement ce prisme médiatique qui respire la pauvreté. Les faits que je vais vous relater sont issus du Rwanda et du Kenya, qui ne représenteront jamais l’Afrique entière, mais qui témoignent néanmoins du voile entre nos deux continents.

La montée en puissance de l’économie informelle

Les enfants kenyans connaissent leurs parents comme des gens affairés, partageant leur temps entre la famille, la communauté, leur travail régulier et formel, et un ou deux petits boulots en plus. En grandissant, les jeunes kenyans se construisent leurs propres univers d’affaires où le salaire est davantage une collection de petits revenus quotidiens, qu’une paie unique perçue chaque mois. Rares sont les supermarchés, innombrables sont les vendeurs de rue.

Cet univers est si présent que le quotidien kenyan semble double : celui de l’économie d’entreprise, et celui de l’économie informelle, qui fleurie au matin et au soir, en dehors des horaires de bureaux et en dehors aussi de toutes limites, notamment d’âge.

Cette économie informelle voit d’ailleurs son potentiel sublimé par les technologies digitales. Dématérialisation, automatisation, optimisation... les leviers d’amélioration ne manquent pas. Sokowatch, par exemple, a construit un véritable réseau logistique approvisionnant toutes les petits étals non-déclarés qui jonchent les trottoirs.

Pièce maîtresse de ce développement, le mobile permet à l’Afrique de voir grand et d’accélérer. Bien qu’internet soit encore rarement au rendez-vous, les réseaux mobiles ont bâti leur capacité d’échange d’information sur une brique technologique plus ancienne, mais non moins efficace quand l’infrastructure télécoms reste modeste : j’ai nommé l’USSD. Pour simplifier, ce protocole de communication permet des échanges d’information en composant sur son terminal mobile (une version SMS de la boite vocale « tapez 1 pour… ») . Les applications mobile-USSD poussent comme des champignons, venant alimenter une économie de plus en plus digitale et faire grossir un écosystème de start-up de plus en plus riche.

Le besoin et la nécessité au quotidien

De la bouche des africains eux-mêmes, leur quotidien est fait, autant de « petites inefficiences » que des applications peuvent facilement résoudre, autant de « problèmes majeurs » pouvant être traités petit à peu par le digital. Parmi ces « problèmes », on peut notamment citer l’accès à l’énergie, aux soins, à l’éducation, à l’eau potable, et j’en passe.

De leur point de vue, « les pays développés attachent trop d’importance à la sophistication et au divertissement. Il suffit de voir le faste de l’économie de la mode et du jeu vidéo, alors qu’ils pourraient contribuer à de vrais challenges concrets ».

La bonne nouvelle est que des pays comme le Kenya et le Rwanda n’ont attendu personne pour s’attaquer aux enjeux essentiels :

  • Dans le secteur de la nutrition, Food 4 Education est une association kenyane fournissant des repas à très bas coûts pour les écoliers qui d’ordinaire jeûnent à midi et peinent alors à se concentrer l’après-midi. Grâce à une étonnante campagne de dons sur Twitter, l’association a réussi à financer sa première cantine.

  • Dans le secteur de l’éducation, Eneza Education est un service de cours particulier par USSD, œuvrant pour un meilleur accès à l’éducation.

  • Dans le secteur du transport, SafeMotos est un simili-Uber pour les taxi-motos de Kigali (Rwanda). Sa mission première est de lutter contre les comportements dangereux et de réduire le nombre de tués sur la route.

  • Dans le secteur de la santé, Zipline œuvre pour un meilleurs accès aux médicaments et au sang de donneurs en livrant par-delà les pistes et les montagnes, au moyen de drones qui assurent l’approvisionnement des dispensaires en 20 minutes à peine.

Ce chapitre n’est qu’un bref aperçu de ce dont deux pays d’Afrique sont capables. Dans le prochain chapitre, je vais détailler davantage deux sujets en particulier : l’enjeu de la connectivité, et l’avènement d’un nouveau type d’économie.

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